[Résumé des auteurs: La question d’un développement véritablement durable, appliquée notamment au secteur agricole et aux zones rurales, sera au cœur des grandes échéances internationales de 2012 et, en particulier, de la conférence des Nations unies sur le développement durable: Rio+20. Cela renvoie à plusieurs problématiques de durabilité sociale, économique et environnementale dans un contexte de changements globaux importants (démographiques, climatiques, etc.): comment produire plus en respectant l’environnement et la dimension sociale, mais aussi de manière plus économe, notamment en eau et en énergie, et en contribuant à des dynamiques rurales/urbaines créatrices d’emplois et de richesses?
Dans ce cadre, il est essentiel et urgent de s’intéresser aux zones sèches, qui représentent 40 % de l’ensemble des terres et concernent 37 % de la population mondiale, compte tenu de leurs enjeux géopolitiques sécurité, migrations), de développement économique (forte prévalence de la pauvreté dans les zones sèches rurales) et d’environnement (rareté des ressources en eau, désertification, etc.); leurs populations ne peuvent en effet être plus longtemps sacrifiées à l’aune d’un développement déséquilibré. De plus, du fait de leurs caractéristiques propres, ces zones sont peu concernées par les techniques agronomiques mises en avant dans le cadre de la «révolution verte» qui requièrent des ressources naturelles (notamment des ressources en eau) qui font défaut dans un contexte marqué par une forte vulnérabilité au changement climatique.
Il s’agit donc d’un sujet central et de zones critiques pour le développement durable de la planète: comment mieux valoriser le potentiel de ces régions sèches et parvenir à conjuguer productivité, sécurité alimentaire, équilibre des écosystèmes et protection de l’environnement? La fragilité écologique de ces zones (mais, également, leur richesse et leur capacité d’adaptation et de résilience), la dépendance de leurs populations vis-à-vis de l’état des écosystèmes et leur croissance anticipée en surface face au changement climatique rendent nécessaire en effet la recherche de solutions de gestion durable de ces agroécosystèmes et leur intégration dans des stratégies d’aménagement des territoires ruraux.
À cet effet, il convient de privilégier une approche intégrée des questions de gestion durable des ressources naturelles et de réduction de la pauvreté: le développement des systèmes de production durables en zones sèches renvoie à des enjeux de préservation de la capacité de production des écosystèmes et de sécurité alimentaire des populations rurales concernées. Dans ces zones sèches, où les sociétés et les économies sont essentiellement rurales et les populations vulnérables, poser la question de la durabilité des systèmes de production implique nécessairement de lier enjeux environnementaux et de développement, avec une attention spécifique à l’agriculture familiale.
Cette étude s’inscrit dans ce questionnement. Elle ne résulte pas d’une approche unifiée et dogmatique, et se fonde, au contraire, sur un ensemble de cas différents : il n’y a pas «un» enseignement à en retirer, mais des approches spécifiques, une palette d’options ; les maîtres mots sont la diversité et le pragmatisme.]
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