Plusieurs formations de formateurs seront organisées dans cinq pays sahéliens : Burkina Faso, Mali, Niger, Tchad et Sénégal. La première formation de formateur s'est tenue à Ziniaré au Burkina Faso du 1er au 3 mars et a regroupé 15 participants, tous professionnels de la formation pour adultes. Elle a visé à renforcer les capacités pédagogiques d’un groupe de formateurs au Burkina Faso, par le biais d’un processus d’échanges d’expériences en vue de garantir l’appropriation du module de form’action sur la gestion durable des terres, ainsi que l’efficacité de son utilisation auprès des représentants des collectivités locales destinataires dont les territoires se situent sur le tracé de la Grande Muraille Verte.
De 2015 à 2017, dans le cadre du projet régional FLEUVE, le CARI a produit avec 5 partenaires-pays des réseaux ReSaD, RADDO et Drynet (Niger, Mali, Sénégal, Burkina Faso, Tchad), et avec l’accompagnement du Centre International d'Etudes pour le Developpement Local (CIEDEL), un module de form’action sur la gestion durable des terres à destination des collectivités locales. Ce module a pour vocation d'être diffusé et disséminé dans les pays de la sous-région auprès des collectivités locales, afin de créer une dynamique régionale de gestion durable des terres par le renforcement des capacités des acteurs des territoires. Sa diffusion et son appropriation sont donc des enjeux majeurs à atteindre pour un développement durable des territoires dans le cadre de la Grande Muraille Verte. Parmi les conditions nécessaires pour garantir l’appropriation du module de form’action par les formateurs nationaux, les capacités à adapter sa pédagogie à des publics adultes sont centrales.
Les formations de formateurs sont organisées dans le cadre du projet « Réduire les écarts dans la Grande Muraille Verte : Relier les secteurs et les acteurs pour renforcer les synergies et le changement d'échelle », mis en œuvre par ONU-Environnement (ex-PNUE), exécuté par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) et financé par le Fonds pour l’Environnement Mondial (FEM) dans une dynamique de partenariat et de synergie avec tous les partenaires engagés dans la GMV. Le ReSaD fait partie des acteurs contribuant à la mise en œuvre de ce projet, en particulier sur le renforcement des capacités des acteurs dans les territoires.
Pour diffuser la démarche de la form’action qui permet d’accompagner des collectivités locales au montage et à la mise en œuvre d’un projet de gestion durable des terres, le ReSaD propose donc d’identifier et de renforcer un groupe de formateurs dans chacun de ses 5 pays d'action.
Au Burkina Faso, la formation de formateurs a été organisée par le SPONG (point focal ReSaD au Burkina Faso) au sein des locaux de l’ONG APIL à Ziniaré. Les contenus des trois journées ont été élaborés par l’ONG CARI et le CIEDEL. La formation a quant à elle, a été animée par la coordinatrice du ReSaD et la volontaire en poste au Burkina Faso (CARI). D’un point de vue méthodologique, cette formation fait le choix du partage d’expériences et de la mise en pratique à travers des exercices réalisés seul, en binômes ou en groupes.
Dans un premier temps, les 15 participants ont réfléchi sur les principes de la formation pour adultes. Ils se sont souvenus de leurs expériences en tant qu’apprenant pour identifier les méthodes et pratiques de formation qui fonctionnent et celles qui au contraire, sont à éviter. Se positionnant ensuite en tant que formateurs, les participants ont discuté des « mauvaises pratiques » de formation pour adulte qui peut leur arriver d’utiliser. Un exemple fréquent, il arrive que les formateurs délivrent des présentations magistrales, abordant des contenus trop théoriques, en raison d’un manque de préparation et de connaissances du profil des participants. Ces pratiques sont aujourd’hui à limiter car soporifiques pour les apprenants.
Ce moment d'échange avait pour objectif de faire prendre conscience de la spécificité de la formation pour adultes et de la nécessité d’adopter des méthodes particulières. Elle s’est conclue par une présentation de compléments théoriques, conçue par le CIEDEL, qui revient sur trois conditions à prendre en compte pour favoriser l’apprentissage chez l’adulte :
La formation s’est poursuivie en se penchant sur l’appropriation des 5 étapes de la form’action :
Chacune de ces étapes comprend un objectif pédagogique (renforcement des compétences de la commune) et un objectif opérationnel (production d’éléments constitutifs du document de projet).
Le travail sur les 5 étapes s’est déroulé à travers des échanges avec les formatrices et des exercices amenant les participants à bien comprendre l’enchaînement des étapes, à en explorer les séquences, et à faire remonter les messages clés de chacune d’entre elle.
L’étape 2 de la form’action, que le module propose de traiter sur deux journées, se subdivise en deux sous-étapes :
Sous-étape 2a – Stratégie d’intervention :
Sous-étape 2b – Parties prenantes :
Il ressort également que durant la form’action, la commune doit être sensibilisée sur la mobilisation et l’implication des parties prenantes. Elle doit se rendre compte que l’engagement des acteurs du territoire est indispensable pour sa réussite dès la conception du projet. C’est pour cela que la form’action propose d’organiser une rencontre avec des parties prenantes identifiées par la commune, pour leur présenter le projet et recueillir leurs attentes.
Les participants ont également travaillé en groupes sur la préparation de la form’action, entre autres à travers la mise en pratique d’un outil : « le guide du formateur ». Il permet de construire l’architecture de la form’action en organisant toutes les informations nécessaires pour garantir son bon déroulement. Le formateur s’appuie sur le guide durant la form’action pour progresser pas à pas dans le programme qu’il s’est fixé. A l’issue de chaque journée, le guide permet d’adapter facilement les étapes et séquences suivantes si nécessaire. Le guide du formateur se présente sous forme d’un tableau à renseigner pour chaque journée en détaillant chaque séquence au sein des étapes :
L'utilisation de cet outil a été jugée très pertinente par les formateurs professionnels, même si l'exercice en soi n'a pas été facile à appréhender : une approche à améliorer donc pour les prochaines formations de formateurs.
Un dernier exercice a amené les participants à élaborer en binôme une ébauche de proposition technique et financière pour l’accompagnement d’une commune dans le montage d’un microprojet, issu de son plan communal de développement, à travers la form’action. La proposition technique devait préciser les activités prévues, la chronologie, l’équipe mobilisée et les moyens nécessaires pour la préparation de la form’action, sa réalisation et pour l’accompagnement de la collectivité après la form’action.
La formation s’est achevée par une discussion sur la perspective de construction d’un réseau de formateurs. Les personnes ayant participé aux formations de formateurs seront recensées sur le site du ReSaD, pour être sollicitées par tout commanditaire souhaitant mettre en œuvre la form’action. Ainsi, des groupes de formateurs seront disponibles dans les trois pays sahéliens du ReSaD (Burkina Faso, Mali et Niger) et également au Sénégal et au Tchad.
Le ReSaD souhaite aller plus loin en organisant et animant la mise en réseaux de ces formateurs. Cette idée étant encore en réflexion, les participants ont été invités à se prononcer sur l’intérêt d’un tel réseau et sa faisabilité. Selon eux, le réseau permettra un partage d'expériences et de méthodes, intra et inter-pays. La mise en œuvre de la form’action s’intègre dans un cadre plus large d’accompagnement des communes, l’effort à fournir est donc important et il est difficile d’évoluer seul dans cette dynamique. Les formateurs pourront y partager les informations sur les sources de financement des microprojets des communes, et ils pourront s’y échanger les opportunités de mise en œuvre de la form’action d’une région à l’autre. Enfin, tout le monde n’a pas les mêmes capacités en formation et le réseau pourra être un espace pour le renforcement des compétences entre pairs. L’organisation du réseau et ses outils seront enrichis suite aux prochaines formations de formateurs.
Cette formation a été la première étape de l’appropriation de la form’action par les formateurs professionnels qui essaimeront à leur tour le module de form’action des collectivités locales au montage de projet en gestion durable des terres.
Au Burkina Faso, la coordination nationale de la Grande Muraille Verte s’est déjà positionnée pour utiliser la form’action dans ses communes d’intervention. Inades formation a également intégré la form’action dans son plan d’action. L’ONG APIL souhaite l’utiliser auprès des communes de Ziniaré et Kaya.
Les participants sont donc encouragés à intégrer le module dans leurs projets actuels ou futurs. Le SPONG/ReSaD de son côté se tient à disposition des organisations pour les accompagner et monter des projets avec elles.
Suite à cette première formation de formateurs, le programme a pu être consolidé et affiné. Elle sera réalisée en mars au Niger, au Mali et au Tchad, puis en avril au Sénégal.