Suite à la rencontre de Nouakchott en décembre 2017, une nouvelle formation a été organisée au Niger dans le cadre de l’initiative « Réduire les écarts dans la Grande Muraille Verte » (FEM, ONU-Environnement, UICN) qui vise à soutenir la mise en œuvre de la GMV en reliant les acteurs et les secteurs.
Cette formation s’est adressée à des représentants « terrain » de la Grande Muraille Verte, à des organisations de la société civile active dans le domaine du pastoralisme et à des représentants de services techniques déconcentrés (environnement et élevage) basés dans des zones transfrontalières. Durant les trois journées de l’atelier, les échanges d’expériences entre pays ont été animés et complétés avec des éléments théoriques par le Docteur Abouba Saidou, pastoraliste reconnu du Niger.
La formation s’est déroulée à travers 5 sessions visant à renforcer la compréhension des participants sur les potentialités du pastoralisme et sur sa contribution à l’atteinte des objectifs de la Grande Muraille Verte.
Session 1 : Appréhender la diversité des systèmes pastoraux, dont transfrontaliers. Cette session a visé à comprendre la diversité des systèmes pastoraux dans les trois pays (Burkina Faso, Niger et Tchad), à travers des apports théorique du formateur suivis de travaux de groupe.
Session 2 : La réglementation qui encadre le pastoralisme. Cette session a permis de rendre intelligible une règlementation diversifiée et plus ou moins mise en œuvre dans les pays, à travers des apports théorique du formateur suivis de travaux de groupe.
Session 3 : La gestion des ressources pastorales pour une durabilité des territoires. Cette session a visé à améliorer la compréhension des dynamiques territoriales sur la base des modalités de gestion des ressources et la durabilité du pastoralisme. La session a été introduite par une présentation du formateur, puis elle a permis un partage d’expérience à travers la présentation de deux études de cas et des travaux de groupe.
Session 4 : Les impacts du pastoralisme transfrontalier. Cette session a eu pour objectif d’examiner les impacts environnementaux, économiques et sociaux du pastoralisme transfrontalier, en montrant d'une part les opportunités qu'il représente face aux enjeux de la zone, et d'autre part les difficultés qu'il génère en matière de gestion des ressources et de réglementation. Les participants ont travaillé en groupe sur l’identification des impacts du pastoralisme transfrontalier dans les zones de départ et d’arrivées. Leurs travaux on ensuite été complétés par des apports théoriques du formateur.
Session 5 : Le pastoralisme comme opportunité de mise en œuvre de l'IGMVSS. Cette dernière session a visé à montrer l’opportunité que représente le pastoralisme transfrontalier pour les territoires, les contraintes auxquelles il doit faire face et sa cohérence avec l’IGMVSS. Elle s’est déroulée sous la forme d’une table-ronde entre des représentants de la société civile et de la GMV du Burkina Faso, du Niger et du Tchad.
Au cours des travaux, les participants ont eu à discter d’initiatives existantes permettant de gérer durablement l’élevage mobile. Une représentante de l’ONG CARE est venue présenter le programme de développement des terres arides (DryDev) qui intervient au Burkina Faso, au Mali, au Niger, en Éthiopie et au Kenya. Ce programme s’est intéressé au Niger, à la restauration de terres pastorales dans un contexte ou l’accaparement de ces terres alors que le capital bétail demeure élevé entraine une diminution des ressources pastorales et une recrudescence des conflits sociaux. Pour restaurer ces terres, DryDev accompagne les communautés dans la réalisation d’aménagement de rétention des eaux dans le sol et de reboisement, à travers une pratique culturelle de travaux collectifs non rémunérés : la Gayya.
Une autre étude de cas à porté sur le protocole d’accord passé entre la région de Maradi (Niger) et l’Etat de Katsina (Nigéria) pour la gestion de la transhumance transfrontalière. La région de Maradi comporte une vaste zone pastorale aux potentialités nombreuses. Elle est une région carrefour pour beaucoup de transhumants et elle partage une frontière de 150 km de long avec trois Etats du Nigéria. Chaque année des transhumants traversent Maradi pour rejoindre le Nigéria après la libération des champs. Cependant ces mouvements sont menacés entre autres par l’insécurité grandissande dans l’espace transfrontalier Maradi-Katsina. Les organisations de la société civile, de part et d’autres de la frontière, se sont saisis de ce problème et ont proposé de formuler un accord entre les deux collectivités. Le processus démarré en 2016 a aboutit en juillet 2017 à la signature d’un protocole d’accord entre les gouvernorats de Maradi et de Katsina, et à la mise en place d’instance de concertation et d’outils pour la gestion de la transhumance. Les premiers résultats ont été rapidement visibles avec une mobilité plus apaisée.
Les travaux des trois jours ont permis de d’insister sur le fait que le pastoralisme peut contribuer à la Grande Muraille Verte et inversement. La GMV peut en effet être une opportunité pour le pastoralisme, elle est un cadre favorable destiné à répliquer des bonnes pratiques contribuant à un développement durable des productions agro-sylvo-pastorales. L’Initiative représente aussi une opportunité en termes de plaidoyer. Le pastoralisme va trouver sa place dans la GMV, pour cela les acteurs doivent connaître, comprendre et être convaincus du pastoralisme.
Cet atelier a fait remonter des préoccupations et une vision du pastoralisme déjà soulevées lors de la rencontre organisée par le ReSaD à Nouakchott. Les éléments de plaidoyer qui ont été produits seront formalisés et compilés avec ceux issus de la rencontre de Nouakchott. Ils pourront nourrir les actions de plaidoyer de tous les partenaires des deux ateliers, et seront portés par le ReSaD auprès de la Grande Muraille Verte.